que te vaya bien...

Publié le par charlota

Je regarde jouer Kerouak dans le champ d’à côté et me demande pourquoi je n’ai pas plus que cela envie de rester ici…Les Andes, du bon rhum, du pas mauvais vin (je suis un peu chauvine sur la question), des potes…et pourtant passés quelques mois mon besoin de bouger me titille …Je sais que reviendrai souvent au pied du Pinchincha que je ne peux quitter, mais y passer ma vie est une autre histoire…Il y a 15jours j’étais aux funérailles d’une connaissance, peut être même un ami ici…le copain d’une de mes plus ancienne copine à Quito, celle qui a veillé avec moi la nuit de mon premier départ, celui qui m’a arraché le cœur et rendu la raison…du moins un peu de raison…Fiore était un des expats italiens, ici depuis des dizaines d’années…un homme formidable, au sourire rare et à la conscience élevée…Lorsqu’il travaillait au Paleo, je me souviens de nos longues discussions sur l’art italien…A mon arrivée ici je me suis procuré son numéro parce que j’étais fière de lui dire que j’étais allée à Florence…puis je n’ai pas appelé…et c’est à un coffret de bois contenant ses cendres que j’ai fait mes adieux…

Jamais je n’avais assisté à une messe en Equateur, pas plus que je ne vais à l’église en France je ne m’étais empressé de me rendre à une office..Je suis arrivée en marchant, en me demandant ce que je faisais là, mais l’ayant promis à Meche, à l’église San Gabriel …Ce monument à la grandeur d’un crucifié dont l’effigie de plusieurs mètres de haut taillée dans le bois surplombe l’autel…Je me suis assise au fond de l’église les larmes au yeux, puis j’ai vu Roberto au second rang, seul, et suis allée m’assoir à côté de lui, laissant le temps d’un adieu ma rancœur de côté et retrouvant mon vieil ami…Une messe dont je ne suis pas certaine qu’il aurait voulu mais qui était le moyen pour nous de venir saluer ce grand homme…

Mis à part la communauté italienne et la famille de la Meche, peu de gens présents…Franklin bien sûr, le patron du Paleo était venu rendre hommage à ce bon ami…mais des locaux, des fêtards, des vagabonds, des expats ?? personne !!

Un groupe d’une vingtaine de personne s’est ensuite rendu chez la Meche pour le pot, sans Roberto qui s’étant fait agressé quelques jours plus tôt et ayant vraisemblablement le bras cassé a fini par se rendre à l’hopital…fin de la trêve entre nous et retour au silence après une heure et demi de complicité retrouvée…ainsi va la vie…et la mort…puisqu’il aura fallu le départ de Fiore pour nous rapprocher une derrière fois…

Le pot fut dans la bonne humeur et les joyeux souvenirs de ce grand taciturne …Puis la vie reprenant le dessus ce fut la place aux rencontres, une charmante et imposante dame qui m’a offert un jeu de carte dont je n’arrive à me defaire les longues nuits entre moi et moi…un jeune français vivant ici, Philippe, et qui travaille avec un des italiens…et qui m’accompagna ensuite au Paleo et au Mayo…Une soirée à discuter au bar de tout de rien de la vie ici…une bonne soirée…Que j’ai fini avec Mario dans un magnifique appartement de Guapulo, chez un ébéniste de renom …et où le joint que j’ai fumé m’a directement ramené à la réalité de la mort de Fiore avec qui j’ai pu passer quelques minutes loin de ce monde pour me rendre compte que jamais je ne le reverrai et fondre en larmes, de ces larmes chaudes, imparables et silencieuses que provoquent des adieux à jamais….

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